Vous trouverez dans les pages suivantes le récit de ma Transatlantique d'Ouest en Est 2024. Une formidable aventure de mer !
RECIT D’UNE TRANSATLANTIQUE RETOUR D’OUEST EN EST PAR LES ACORES
de mars à mai 2024
Martinique – Port Saint Louis du Rohn
A bord du voilier RM 1180 Caribbean Dandy

Jour 1 : le 25/03/2024
Vite, il est l’heure. Sabine, ma chérie, me dépose à l’aéroport des Abymes avec mes 3 sacs. J’ai un avion à prendre ! Direction la Martinique. Je suis attendu au Marin pour embarquer à bord du Caribbean Dandy. C’est un superbe voilier monocoque de type RM1180 de 12m.
1h30 après le décollage nous arrivons déjà à l’aéroport de Fort de France. Pendant que je cherche mon bagage en soute, Mike m’appelle. « Salut Seb, je suis devant. Je t’attends ». C’est top. Mike, c’est mon chauffeur de taxi préféré. Il est toujours très professionnel et on a un très bon feeling ensemble. Il me dépose à la marina du Marin.
Chargé de mes sacs, je parts à la recherche du Dandy. Je longe un premier ponton. Raté ! J’aperçois la coque jaune fluo du Dandy de l’autre côté de la marina. Allez, encore un effort et me voilà devant lui. Je reconnait Pablo. C’est notre skipper. Il est en train de hisser en haut du mât une jeune fille avec le winch. Il est aidé par un grand et jeune gaillard. C’est Pierre. Et la grimpeuse, c'est Laurrie. Ce sont mes nouveaux camarades pour réaliser cette transat. Je les salue et monte à bord.

Jour 2
Cette journée est dédiée aux préparatifs. Il faut finir la préparation du bateau. Pour l’avitaillement, nous sommes allés faire les courses dans les supermarchés du Marin. Aidé de notre liste faite la veille, nous avons rempli trois caddies de nourriture pour au moins tenir jusqu’aux Açores. On est pas passé inaperçu dans le magasin. Heureusement, on est tombé sur une caissière super efficace. Et ensuite, notre joyeuse équipe a chargé tout ça dans des chariots pour rejoindre le bateau. A cela, il faut rajouter 120 litres d’eau en bouteille, des jus de fruits et autres sodas.
Après 1 à 2 heures, nous avons réussi à tout ranger dans les coffres du bateau. Au moins, on est équipé pour tenir avec tout ça. Allez, une bonne douche et on se rejoint au restaurant pour un dernier bon repas avant le départ. La météo est globalement favorablement, nous partons demain.
Jour 3 : le 27/03/2024
Ca y est ! C’est le grand jour. Encore quelques préparatifs qui nous prennent plus de temps que prévu et nous voilà parti vers 16h00. Nous sortons par la passe du marin en évitant les cailles et les casiers des pêcheurs. Le vent est faible et nous sommes au moteur. Nous hissons la Grande voile pour mieux stabiliser le voilier.

Photo du départ au Marin - Martinique
Nous passons entre la côte et le Rocher du Diamant. Mythique rocher que les Anglais avait décrété « Navire anglais imprenable » à l’époque. C’est vrais que les pentes sont très raides.

Rocher du Diamant
La nuit arrive vite et nous commençons à nous organiser pour la mise en place des premiers quarts. Le rythme sera de 1h30 de quart pour 4h00 de sommeil. C’est un bon compromis pour l’équipage.
La nuit est déjà bien établi quand nous atteignons la Dominique. Pour couper au plus court, nous passons à la côte au vent de l’îles. Cette côtes est peu éclairée car moins habitée. On distingue en ombre chinoise le découpage des montagnes. La mer est calme et nous remontons ainsi sans encombre.

Jour 4
Au petit matin, nous sommes en vue de Marie-Galante. La grande galette apparait laiteuse à l’horizon. Nous prévoyons de la contourner également par la côte au vent car notre objectif est de faire une escale à la marina de Saint François en Guadeloupe. Alors que nous sommes en train de dépasser l’île, nous apercevons avec Laurie le souffle puissant de 2 baleines. Elles sont assez loin. On prend les jumelles pour essayer de les identifier. Ce sont deux cachalots. Nous les observons disparaître à l’horizon. Ça fait plaisir de les voir !
Nous sommes à mi-chemin pour St François quand Pablo sort du bateau et nous dit changement de cap.
« Quoi ? On ne va plus à St François ? ».
« Non, j’ai vérifié avec un ami. On n’a pas assez de fond au niveau des pompes à gasoil. La zone s’est ensablée. On va allez à la marina de Gosier. »
Le cap est rapidement changé. Direction la marina de Gosier. J’ai presque l’impression de revenir à la maison à Petit Bourg.
Avant d’arriver à la Marina, nous prévenons la capitainerie de notre arrivée à la VHF comme c’est d’usage. Pas de chance, il n’y a plus de place à quai. Nous allons devoir nous mettre sur bouée de l’autre côté du chenal. Pas top, nous ne voulons pas regonfler l’annexe et nous n’avons pas de moteur hors-bord car il a été récupéré par la société de loc au Marin. J’ai bien un ami sur la marina mais son annexe est trop fragile pour être utilisée. Il est déjà tard et finalement nous restons à bord pour le diner du soir.
Jour 5
Au petit matin, après un rapide petit déjeuner, nous décidons finalement d’utilisé la navette payante de la capitainerie. On va pouvoir aller à terre pour faire quelques courses d’appoint et pour le déjeuner. Chouette !
Arrivé à terre, chacun se partage les tâches. Pierre et moi, nous sommes allés en quête de bouteilles d’eau minérale. Ouah, la galère ! C’est jour férié en Guadeloupe et en plus la Marina de gosier est sous coupure d’eau depuis près de 9 jours. C’est hallucinant, les gens vivent un véritable calvaire pour la vie quotidienne. La coupure serait dûe à un sabotage sur le réseau d’eau potable...
Bref, nous trouvons finalement 2 packs d’eau et des tomates dans une station-service à quelques kilomètres de marche.
Après un bon déjeuner dans le restaurant des pirates, nous revenons à bord du Dandy.

J’en profite pour tenter d’étanchéifier le panneau de pont de ma cabine avant avec un produit « miracle » acheté au shipchandler de la Marina. Yes, ça a l’air de fonctionner.
Jour 6
Après avoir refait une dernier fois le plein de gasoil, nous quittons Gosier vers 10h00. Ca y est ! Nous entamons la plus grosse traversée sans escale de notre parcours. On longe la grande terre avec un vent moyen de 14Nds. Il fait beau. C’est le bon moment pour faire une manœuvre pour hisser notre Gennaker. Pendant la manipulation, nous croisons de près un voilier. C’est Benoit de Sailing Gwada avec ses stagiaires. On se reconnait et on se salue à distance. C’est cool !

Départ de la Guadeloupe
Mais déjà, notre attention se porte sur les nombreuses bouées des casiers de pêcheur qu’il faut éviter parfois en zigzagant. Finalement, en atteignant la pointe des châteaux, elles se font plus rares. Au large de la Désirade, nous surprenons juste à côté du bateau une grosse tortue verte. Elle est en pleine forme et disparait sous l’eau rapidement. Nous dépassons la Désirade en même temps que le soleil se couche doucement sur l’horizon dégagé. Nous scrutons avec attention le moment propice pour observer le fameux Rayon vert. Les yeux nous brulent un peu à force de regarder. Ca y est avec Pablo, nous observons notre premier Rayon vert. Il a été fugace mais bien réel enfin je crois. Laurrie et Pierre n’ont pas réussi à le voir. Cela nous mets un peu le doute. Finalement la nuit s’installe et les quarts se mettent naturellement en place. Les lumières rouges des éoliennes de la Désirade finissent par disparaître avec la terre dans l’obscurité de l’océan.
Durant la nuit, nous avons eu la visite de cinq mystérieux volatiles. Est-ce des oiseaux de mer plutôt nocturne ou des chauve-souris ? On n’a jamais su. En tout cas, coté pêche, notre ligne de traine n’a rien donnée pour l’instant.
Jour 7
Le soleil se lève d’un coup. Les levés et couchers de soleil sont plus rapides sous les tropiques. Je relève la ligne de traine pour retirer un gros tas de sargasse. Ces algues nous gêne beaucoup pour attraper du poisson. Nous avons été au prés serré toute la nuit. C’est l’enfer dans notre cabine avant. Ca tape comme dans un tambour. J’ai rêvé que je conduisais une 4L qui faisait des bons. Heureusement, dehors, il fait beau. 18 Nds de vent, on avance à 7Nds au prés. Nous croisons de nombreuse trainée de sargasse qui rendent la pêche impossible. Il y a même quelques déchets comme des gobelets en plastique.
Jour 8
La mer s’est creusée. Elle est agitée. On a des creux d’environ 2 mètres. On est toujours au prés et ça tape de plus en plus fort dans la cabine avant. Quand, je suis allongé mon corps oscille entre lévitation et écrasement. Lorsque nous descendons au creux de la vague, mon corps se soulève légèrement comme en lévitation. Et puis, dès qu’on arrive dans le creux, ça tape très fort. Tous se mets à vibrer jusqu’en haut du mât. J’ai l’impression que tout va éclater sur moi. Et mon corps s’écrase dans le matelas de la couchette comme si je prenais 3 G de pression. Ce sont des sensations intenses et difficilement supportables. La coque du voilier est un contre-plaqué + résine époxy. Inquiet, j’ai ausculter les fonds. Mais, pour l’instant tout va bien. Les fonds sont bien secs. Ouf !
Nous avons du vent établi à entre 25 et 27 Nds avec une rafale à 30 Nds. Nous faisons toujours cap au Nord. Direction New-York… L’objectif est de monter assez haut pour contourner l’anticyclone de l’Atlantique Nord. C’est une zone avec très peu de vent. On vient juste d’atteindre le parallèle de Porto Rico. Les oiseaux de mer qui nous accompagnaient ont fini par partir en nous laissant en cadeau quelques belles fientes bien blanches sur la capote noire.
De son côté, le pilote automatique barre à merveille notamment grâce à l’option régulateur d’allure intégré. C’est très pratique pour garder une bonne allure à 40° du vent. Nous avons dû prendre 3 ris dans la GV + trinquette. Avec cette mer agitée à forte, la vie à bord est devenu plus difficile. Notre Skippeur a eu un peu la nausée. Moi, je résiste pour l’instant.
Jour 9
Le vent a faibli. Il refait beau et la mer est moins agitée. On est un peu fatigué à cause des quarts de nuit. Après un petit déjeuner reconstituant, nous relâchons les ris de la GV et remplaçons la trinquette par le Génois. La journée est agréable. Nous avons même réussi à jouer au UNO et au Domino !

J’étais en train de regarder la ligne de traîne à l’arrière du bateau, quand soudain, je vois jaillir une grosse gerbe d’écume. Punaise, on vient d’avoir une grosse touche sur la ligne. J’ai vu l’élastique de la ligne se tendre à fond. Je me précipite pour la remonter.
Mais, elle semble tout à coup bien molle. Je termine de la ramener et je constate que le Rapala est bien là mais sans l’hameçon. On vient de rater notre première prise. Quel dommage ! C’est peut-être une réminiscence de ma poisse avec la pêche mais je ne préfère pas y croire.
Nous approchons de plus en plus de la zone de l’anticyclone de l’Atlantique Nord. L’air est plus frais et sec. Les sargasses semblent moins nombreuses.
Jour 10
Les quarts de cette nuit ont été tranquille. On a apprécié le coussin que Laurrie a mis à disposition dans le cockpit. J’ai pu observer mes premières étoiles filantes. Le ciel était parsemé de milliards d’étoiles. Quand je les regarde, j’imagine qu’il y a surement d’autres formes de vie qui nous observe aussi. C’est grisant d’imaginer ses milliards d’étoiles entourées de milliards de planètes, le tout dans des milliards de galaxies. J’en suis sûr, on n’est pas seul dans l’univers.
Il y avait également des étoiles dans notre sillage. Je pense que c’était du plancton fluorescent. C’était féérique de contempler les étoiles dans le ciel et les lumières du planton à la surface sombre de la mer. Pendant la nuit, nous avons eu la visite d’un oiseau de mer. Il a fait du bateau-stop et il repartit avec le lever du soleil.

J’entends Pablo qui se réveille pendant que je contemple le soleil naissant à l’horizon. Il vient me relever de mon quart. C’est à ce moment-là que nous apercevons une très étrange grosse boule rose pâle flottant à l’horizon bâbord à environ 800m. Nous prenons les jumelles pour mieux observer cet OFNI (Objet Flottant Non Identifié). J’estime son diamètre à 2 ou 3m voir plus. Elle dérive rapidement avec le vent. J’ai pensé au début à un radeau de survie mais la forme ne correspond pas du tout. Pablo a une autre théorie. Il pense que cela pourrait être une baleine en décomposition. Apparemment, ça peut former des bulles roses prêtent à éclater. Trop dégeu ! On préfère ne pas s’en approcher au cas où. Bref, cela restera un mystère … On longe le fameux triangle des Bermudes … On trouve des choses bizarres dans ces eaux calmes. J’ai également vu des objets plus communs à la dérive : un tapis, une caisse jaune et un vieux pare-battage. On voit assez souvent ce type d’objet flotter entre deux eaux. Il est regrettable de voir que les déchets de l’homme sont toujours bien visibles malgré l’immensité de l’océan.
Le vent est de 14 Nds et on avance correctement entre 6 et 7Nds.
Ca y est j’ai pris une décision radicale. Je décide aujourd’hui de quitter la cabine avant. Après avoir lutter près de 8 jours dans le bruit et les chocs incessants, je décide de prendre position dans la banquette tribord du carré. Cela semble plus calme même si c’est moins pratique à l’usage. Je rejoints ainsi mon camarade Pierre qui avait déjà migrer sur la banquette bâbord du carré. J’ai récupérer une toile anti-roulis pour l’installer. C’est indispensable pour ne pas chuter de la banquette à la moindre gîte du voilier.
Le vent faibli et nous ralentissons. Nous constatons que la tension des batteries est trop faible. Il faut se résoudre à mettre le moteur en marche pour appuyer les voiles et aussi pour recharger nos batteries. L’électricité est important à bord car cela permets le fonctionnement des instruments de navigation, du pilote auto, des feux de navigation, du frigo, des WC, … L’unique panneau solaire présent à bord est trop faible pour alimenter tous ces équipements. Il doit servir uniquement de maintien en charge lorsque le navire est inutilisé.
Avant le coucher du soleil, nous avons eu la chance de voir notre première troupe de dauphin. Il semble d’ailleurs que se soit plutôt des marsouins. Ils étaient une dizaine et devaient faire environ 1,2m de long. Ils ont joué avec l’étrave du bateau pendant un bon quart d’heure. Puis, ils ont disparu aussi vite qu’ils étaient apparu. C’est magique de les voir en plein Océan Atlantique à plus de 500 milles des côtes.

Jour 11
Ce matin, le vent est d’environ 8 à 10 Nds. Nous hissons le Gennaker ! C’est une voile d’avant légère qui booste sérieusement la vitesse du voilier. Nous avons barré le Dandy quelques heures à tour de rôle. C’est agréable de sentir s’exprimer le navire dans cette petite brise. Nous avons à peine 10 Nds de vent et on trace un jolie sillage à près de 8Nds à 50° du vent apparent. La sensation est géniale mais hélas ça ne dure pas. Dans l’après-midi, le vent chute à 3Nds. On hisse toutes nos voiles pour maximiser la surface au vent : Gennaker, Grand-voile entière, et trinquette. Mais le vent est décidément trop faible, on n’avance quasiment pas. Il fait beau et la mer est très calme aussi. Pablo me dit « Seb, on abat la GV ! ». Tien ? Je le regarde d’un air interrogatif. Il prend un par-battage, l’attache à un bout et le balance à l’eau. Ok, on tous compris le message. On rentre toutes les voiles, GV, Gennaker et trinquette. Et là ! Moment magique, nous nous baignons en plein milieu de l’Océan Atlantique par plus de 5000mètres de fond !

Baignade en plein milieu de l'Atlantique : Temps très calme
Pendant plus d’une heure, nous avons plongé et nagé autour du bateau. On a même mis le masque pour regarder sous l’eau la coque et le fond bleu des abysses. Je dois dire que cette contemplation ne se fait pas sans une légère appréhension. On n’en a également profité pour inspecter la coque à l’endroit où Laurrie avait entendu un choc dans la nuit. Heureusement, on a rien vu de suspect. On a fait quelques photos et vidéos de nos plongeons et nous avons noté le point GS pour immortaliser l’instant : 23°49’N 59°16’W. La mer est plate comme dans un lac. C’est impressionnant. On a vraiment bien rit.

Photo prise en nageant dans l'Atlantique par Laurrie !
Du coup, j’en ai profité pour faire ma première lessive à l’eau de mer. J’ai utilisé mon savon spécial eau de mer. Ça a l’air de fonctionner en tout cas ça mousse. Cool car j’avais vraiment plus rien de propre !
Le vent se réveille un peu et on décide de remettre les voiles. Lors de la manœuvre avec l’écoute de Génois, le Winch bâbord s’est mis à tourner dans le vide. Et pour couronner le tout, le frigo dégage une méchante odeur de hareng. Ok, on doit faire deux opérations spéciales !
On fait deux équipes. Pierre et Laurrie ont pris en main l’opération nettoyage du frigo. Et Pablo et moi, on s’est mis à démonter et nettoyer le winch. Pablo connait parfaitement ces mécanismes. Nous avons pu le remettre en état un peu d’huile d’olive car la caisse à outil du bord ne dispose pas d’huile adaptée. Le préparateur de la boite de loc a du négliger l’entretien des winchs. Les ressort étaient bloqués par la crasse et la mauvaise graisse. Coté frigo, les camarades ont identifié le sachet de hareng fautif et ils l’ont isolé. Après nettoyage, le frigo était impeccable.
Pour reprendre des forces après toutes ses émotions, Laurrie nous a fait un « délicieux » gâteau à la banane. On l’a dégusté à l’apéro.
A la prise de mon premier quart de nuit, Laurrie me signale à l’AIS un bateau de pêche de 145m de long faisant route sur nous à environ 15milles. Je guette en permanence l’horizon jusqu’à voir distinctement ses feux. Le navire de pêche semble ne pas changer de cap pour nous éviter. A environ 7 milles, je décide d’abattre de 20° pour m’écarter de sa route et de potentiels filets de pêche. Maintenant, je vois nettement le navire. Il est grand. Il dispose de nombreux projecteurs qui éclaire son pont et la mer autour. J’ai d’ailleurs du mal à distinguer ses feux de navigation. Heureusement que l’AIS nous indique sa direction. Il est en action de pêche s’est pour ça qu’il n’a pas changé son cap. Finalement, nous croiserons sa route à 2,4milles sur notre coté tribord et il finira par disparaître dans notre sillage.
Jour 12
Au matin, à 10h30, j’ai relevé Laurrie de son quart. « Rien à signaler » me dit-elle emmitouflé dans sa veste de quart. La brise est fraîche la nuit dans ces contrées. Quelques instants après son départ, alors que je prenais mon petit-déjeuner dans le cockpit, j’aperçois soudainement une étrange forme flotter à l’horizon. C’est un OFNI situé à environ 600m sur notre bâbord. Je l’observe longuement aux jumelles pour tenter de l’identifier mais en vain. C’est un étrange objet plutôt cylindrique. Il est de couleur blanc à la base et finit rouge à son extrémité. J’estime la encore sa taille entre 2 à 3mètres de haut pour un diamètre de 1mètre. Il dérive et nous le laissons disparaître à l’horizon de notre sillage. Le mystère s’épaissi sur ces étranges OFNI qui apparaissent à proximité du Triangle des Bermudes …
Mais, reprenons nos esprits, je remets la ligne de traine à l’eau pour tenter une prise. Pablo a amélioré notre leurre avec un morceau de bout rouge et blanc. Il avait était abimé par le dernier assaut infructueux. Nous espérons que cela va marché mais il y a encore beaucoup de sargasse qui se prennent dans la ligne et font fuir les poissons.
De nouveau oiseaux de mer nous ont rejoint aujourd’hui. C’est une nouvelle espèce, ils sont marron sur le dessus et blanc en dessous. C’est incroyable de les voir évoluer dans cette immensité bleu loin de toute côte. Iles sont vraiment bien adaptés à leur environnement. Ils jouent avec le vent et rase l’eau à grande vitesse pour attraper leur diner. En générale, ce sont des poissons volant qui passent dans leur bec. Mais, ça semble assez difficile pour les attraper.
On a dû voir au moins 5 espèces d’oiseaux de mer différentes depuis notre départ. Ils vivent vraiment loin des côtes. J’aime les regarder évoluer au grés des courants d’air en quête de leur diner, à l’affût des poissons que notre étrave fait décoller.
Coté vie à bord, nous n’avons une très bonne ambiance. Pour la cuisine, nous nous sommes organisé en fonction des affinités et des compétences de chacun. Certains préparent les repas et d'autres aident pour la préparation des repas et divers tâches comme la vaisselle. On essaye de faire de bons repas pour conserver nos forces. Car, on a souvent faim en mer.
Cette nuit, en relevant Laurrie de son quart, je détecte à l’AIS un cargo de 210 mètres naviguant à 16Nds. La nuit est noire, sans lune. Je scrute le sombre horizon pour détecter ses feux. Ca y est. J’ai pu le localiser exactement là où l’AIS l’avait indiqué. C’est vraiment efficace ces systèmes électroniques. Ca a du bon dés fois la technologie. Je peux voir son feu rouge à bâbord. Il nous coupe la route à environ 3milles. Et, je peux voir son feu de poupe qui disparaît peu à peu entre les vagues.
Jour 13
Le jour s’est levé dans un ciel sans nuage. Je prends mon quart à 10h30 UT soit environ 6h du matin. Le vent est à environ 12Nds, nous avançons à 6Nds avec la GV entière et le génois. Je sent le vent forcir progressivement. Il souffle au largue. Il monte à 14Nds, puis 17Nds et enfin à 20Nds. Le Dandy fait des accélération à 8Nds. Je préviens mes camarades, il est temps de prendre un ris dans la GV. C’est à ce moment là que le pilote nous lâche brutalement sans prévenir ! Nous empannons d’un coup. Juste le temps de baisser la tête pour éviter la bôme. En principe, elle passe au-dessus de nos têtes mais dans le doute. Pablo prend la barre pendant que je me positionne au piano pour prendre le ris. Pierre qui est sortie de son sommeil, a enfilé son gilet/harnais et se positionne au pied du mât. Pablo donne du mou au chariot pendant que je libère l’écoute de GV. Je borde davantage le génois. Je libère le halebas. Après avoir repris la tension sur la drisse de GV, je la libère pour permettre à Pierre de prendre 2 ris. C’est chose faite. Je retends la drisse de GV. Tout va très vite. Je retends le ris 2 jusqu’à l’apparition d’un pli horizontale. Ok, la GV est en place. Il ne me reste plus qu’à reborder l’écoute de GV et reprendre le mou au niveau du halebas. On choque un peu de génois pour affiner le réglage. Les penons sont bien horizontale. Yes, la manœuvre est terminé. Il reste plus qu’à ranger les bouts. Le vent continu à forcir. Nous avons 28Nds en vent apparent au largue. Soit doit bien faire du 30Nds. Du coups, nous prenons le 3 ris pour être plus serein. La mer a grossi. Elle est devenu agité à forte. Le ciel est resté dégagé. La mer nous montre sa force et sa beauté brute. Dandy manque de partir au lof à plusieurs reprises malgré que nous ayons remplacé le pilote à la barre. On finit par affaler la GV et remplacer le Génois par la trinquette. Nous faisons des pointe à 10Nds. L’ambiance reste malgré tout détendu à bord. Nous avons même chanté dans le cockpit entre les départs au lof.
En fin de journée, Pierre nous interpelle : « La cuisinière est tombé ! » Quoi ? On descend rapidement pour constater les dégâts. Effectivement, la cuisinière à gaz sur cardan est en travers. Un des pivots a cédé avec l’usure et le fort roulis. Avec Pablo, nous commençons à la démonter et à chercher une pièce pour remplacer le pivot défectueux. Pas facile de trouver car le choix est restreint dans la caisse de bord. Finalement, on improvise avec un boulon en inox. Yes, en ½ heure de travaux, l’affaire est réglée. Ca semble solide au moins pour un temps. On a été efficace. Ma pince multifonction nous a bien aidé. On pourra faire à manger pour le repas du soir. Ouf !
Jour 14
Nous avons eu une nuit pluvieuse et agitée. La mer est formée et le vent bien établi avec 24Nds moyen. On a peu dormi.
Vers 10h00, le vent faiblit un peu et nous décidons d’envoyer le Gennaker. Nous zigzaguons avec un vent portant. Nous sommes dans un couloir avec à gauche une dépression menaçante et à droite un anticyclone avec des grains imprévisibles. Ces assez impressionnant de contempler ces masses nuageuses de chaque du bateau. Et au centre, il y a du soleil et du vent portant à 15Nds. Nous marchons à près de 8 Nds en moyenne. C’est une bonne allure. Dans la nuit, la dépression finit par nous rattraper. Le vent forcit à 25 Nds et nous changeons les voiles. Il pleut averse. Je commence mon premier quart de nuit sous la pluie. Heureusement, que nous avons un tau assez efficace. Je découvre à mes dépend que ma veste de quart que j’ai depuis plus de 20 ans n’est plus étanche. J’ai le dos trempé. C’est franchement pas agréable. Heureusement, la salopette est resté étanche. Il me faudra prévoir une nouvelle veste de quart dés que possible. Laurrie qui a une veste neuve a aussi des problèmes d’étanchéité. Nous subissons les averses toute la nuit. Le vent est soutenu mais reste maniable car nous sommes au portant. La mer devient forte avec des creux de près de 3mètres. Nous partons des fois en surf sur les plus grosses lames.
Toujours pas de poisson sur notre ligne de traine! Hier, j’ai vu un thon faire sauter une dizaine d’exocet à la verticale à proximité du bateau. Ils ont fait un saut d’au moins 4 mètres de haut ! Très impressionnant. Bref, juste pour me faire raller tandis que je relève la ligne de traine une énième fois pour retirer ces satanées sargasses que se prennent continuellement sur l’hameçon.
Depuis que nous avons contourné l’anticyclone, nous rencontrons les vents d’Ouest. Avec le Gennaker, nous avons réussi à faire une pointe de vitesse à 11Nds. C’était top ! L’air est plus frais et sec à cette latitude. Mais sans être glacial. La mer aussi est plus froide. La température de l’eau doit être proche des 19°. Tout l’équipage a sorti chaussures/bottes, salopette et veste de quart avec capuche. Moi, je suis bien content d’avoir pris mon bonnet. Pour la nuit, en prévision des hausses de vent, nous prenons 3 ris dans la GV et hissons la trinquette à la place du génois. Le vent souffle déjà plus de 20 Nds apparent au portant. La nuit est rude. Le vent monte rapidement à plus de 30 Nds et la mer grossit de plus en plus. Il est très difficile d’arrivé à dormir tant nous sommes ballotés par les vagues dans nos bannettes exiguës. Cette fois, les quarts de nuit sont longs et froids. Ok, j’arrête les pieds nus. Il me faut me résoudre à sortir les chaussettes. Lors de la veille de nuit, on a aperçu des feux de navire au loin mais ils n’apparaissaient pas à l’AIS. Du coup impossible d’identifier ce navire et de déterminer sa direction. Il faut toujours être très vigilant lors de veille même avec les équipements modernes d’aujourd’hui.
Jour 15
Le matin arrive enfin comme une délivrance. J’aide Laurrie et Pablo à rentrer la trinquette et à sortir le génois pour accélérer notre voilier. Nous sommes bercés par un grosse houle de Nord. Les vagues doivent bien faire 4 mètres en moyenne. Elles sont très larges et épaisses. La longueur d’onde doit faire plus de 60 mètres. Heureusement, elles sont calmes et ne déferles pas. Le soleil est revenu pour nous donner de son énergie. Ça fait du bien.
Autre point réjouissant, nous avons franchi la distance symbolique de 1300 milles qui correspond à la moitié théorique de notre étape pour atteindre l’escale des Açores. Chaque jour qui passera nous rapprochera d’un bon repas, d’une bière et d’une bonne douche chaude à terre. Enfin, on l’espère tous !
La nuit a encore été agitée avec un vent frais et une houle grossissante. Un cargo nous a longé à plus de 20 milles sur notre bâbord. Au début, je croyais que c’était la lune qui se levait tant le halo de lumière autour du navire était fort malgré la distance. C’était surement un énorme bateau de pêche usine qui ratisse inlassablement les océans pour remplir nos assiettes. Nous, on a l’impression que l’océan est vide de toute vie. Ou presque car il y a toujours ces maudites sargasses et toujours pas la moindre touche sur notre ligne de traîne. Je commence à douter …
Jour 17
Les lueurs du jour nous dévoile une grosse, très grosse houle de Nord. D’immense masse d’eau cache régulièrement l’horizon. Tels des "mornes" en mouvement, notre voilier est doucement balloté. Les vagues font 3, 4, 5 mètres voir plus. Elles arrivent à dépasser le tiers de notre mât. Notre voilier de 12 mètres rentre entier sans problème sur la pente d’une vague. C’est très impressionnant. J’avais jamais vu une telle houle en navigation. Nous voguons à environ 7 Nds avec un vent assez stable. Le soleil nous réchauffe un peu. Mais la brise reste fraîche et sèche dès qu’on quitte l’abri de la capote. Avec Pablo, nous avons décidé de créer un nouveau leurre pour optimiser nos chances à la pêche à la traîne. Il s’agit d’un bout de 10cm bleu et blanc que l’on lie d’un côté avec une ligature et qu’on défait de l’autre. On y passe un hameçon à travers que l’on bloque solidement. Cela donne l’illusion d’un super Rapala. Comme, on n’avait pas de plomb pour le lest, on a utilisé un vieux ouvre boite hors service. On verra si ça marche…
Comme un don du ciel, pour nous consoler de cette pêche laborieuse, 2 jolies poissons volant se sont sacrifiés sur pont du voilier.

Pablo les préparé pour les manger façon ceviche. On a gardé quelques morceaux pour tenter d’agrémenter la ligne de traîne mais sans réellement y croire. Et effectivement, ce fut là aussi un échec.
Pablo nous a préparé pour le repas su soir un blatte de lentille au lait de coco et avec le riz que j’avais fait pour midi. Ce fut très bon.
La nuit a été calme. La houle est moins forte, nous avons pi nous reposer un peu. On a croisé au loin 2 cargos. Nous naviguons doucement à 4Nds sous génois et GV 3 ris.
Au matin, nous avons lâché 2 ris et envoyer le Gennaker pour booster. On a bien gagné 2 à 3 Nds en vitesse. C’est bien. Le soleil est là ! J’ai prévu de ma raser la tête avec la super machine que Fred, mon copain, m’a ramener récemment de métropole. Pour la douche, je prévois de chauffer de l’eau de mer car l’eau est fraîche.
On s’apprête à manger le reste de lentille pour le repas de midi lorsqu’un grain imposant à commencer à se rapprocher sur nous. On a rapidement englouti notre repas pour aller s’équiper avec les vestes et harnais de sécurité. Il faut toujours être prêt à intervenir rapidement si nécessaire. Opération prise de ris et remplacement du Gennaker par la trinquette. Le vent souffle déjà à prés de 23Nds. La pluie arrive. Nous prenons un premier ris mais le vent monte encore d’un cran. Finalement, je pars en pied de mât pour prendre les 3 ris sous la pluie froide. A peine, nous avons terminé la manœuvre que le vent chute à 5 Nds. Nous venons de passer derrière le grain et le vent chute naturellement. La mer reste maniable. Bref, on relâche du coup le 3ième ris. Nous essayons comme ca plusieurs grain qui nous arrose régulièrement. Nous arrivons quand même à avancer avec des pointes de vitesse à 9 Nds. Le bateau est stable et j’en profite pour relever la ligne de traîne équipe de l’ouvre boite. Il y a un gros de sargasse pris dessus. Une vrais galère ! Je remets la ligne à l’eau sans trop y croire. Je reprends ma veille contemplative dans le cockpit quand tout à coup… Je vois sauter au loin un poisson dans notre sillage ! Purée, ça y est on a une vrais touche ! Je commence à ramener la ligne de traîne à vive allure. Plus facilement que je l’aurai cru… Encore un échec … Non ! Je cris « Poisson ! Poisson ! » pour alerter mes camarades. Tandis que je tire sur la ligne, Pablo arrive rapidement avec les gants, sangle et couteau pour intervenir. Ca y est ! On voit le poisson apparaître près du bateau ! C’est une jolie Dorade Coryphène. Merde, elle s’emmêle dans la seconde ligne de traîne. Pablo m’aide et on réussi à basculer la Dorade à l’arrière du cockpit. Elle brille de milles feux sous le soleil ! Pablo lui attache la queue pour ne pas la perdre. C’est notre premier poisson depuis le départ de Martinique.

La bête n’a pas le temps de réagir que Pablo commence à lui trancher la tête. Le sang coule abondamment à l’arrière du cockpit. Ainsi va la pêche. Puis, il entreprend de débiter le poisson et de préparer les filets alors que le corps fait encore avec des soubresauts. La dorade doit bien faire 80cm de long. C’est une belle prise. On aura enfin du poisson au menu ce soir.
Pour l’apéro, on s’est fait des sushis de Dorade avec la sauce soja. « Aussi bon qu’au resto !». La ligne de traîne à l’ouvre boite a bien fonctionné ! Maintenant, il faut démêler tout çà car dans la bataille on a fait des nœuds.
Pour nous remettre de ces émotions, nous avons fait notre séance de sport quotidienne avec Laurrie. Avec le rythme de la musique, nous enchaînons des série de 50 squats suivi de 20 abdominaux avec quelques variantes. Ca fait 4 jours qu’on a commencé le sport. Objectif avoir des abdominaux avant l’arrivé aux Açores.
Pour la douche, finalement, on n’ a pas eu besoin de chauffer de l’eau de mer pour se laver. On n’a pu utiliser la douchette extérieure avec de l’eau chaude grâce au moteur qui recharge les batteries 1 à 2 heures par jour. Ca fait du bien de se sentir propre !
Après un bon repas : poisson sauce échalote et vin blanc accompagné de riz, nous avons attaqué les quarts. La nuit est difficile. Nous naviguons avec un vent de travers. Des grains nous accélèrent régulièrement avec des pointes de vent à plus de 20 Nds. Le bateau fait du bruit et gite fort. Le sommeil est court.
Jour 18
Le soleil se réveille sur une houle de 3 à 4 mètres assez douce. Nous sommes tous assez fatigué. Ils faut reprendre des forces. Surtout, qu’on doit faire notre séance de sport.
Au milieu d’une série de squat, nous attendons sonner l’alarme de l’AIS. En plein Atlantique, nous sommes direct sur une route de collision avec un méthanier de 100 mètres. Il semble ne pas dévier sa route. Nous l’avons rapidement en visuel. Il est imposant. C’est étrange de voir un navire si près après plusieurs jour d’isolement. Par précaution, nous lofons de 20° pour nous écarter. Il passe à moins de 2 milles de nous à tribord. Finalement, c’est très pratique cette alarme Ais même en plein jour. C’est rassurant.

AIS avec alarme à 2milles
Ce soir, dorade et semoule pour le repas. Simple mais bon. Les nuits arrivent plus vite car nous sommes en heure TU et nous progressons entre les fuseaux horaires. Pendant le quart de nuit de Laurrie, le vent est monté fortement et de manière soutenu. Ils ont du prendre 3 ris dans la GV et mettre la trinquette. Nous arrivons sur une belle dépression. Nous essuyons des vents de 30 à 35 Nds avec des rafales proches des 40 Nds. Tous le monde est réveillé. La mer se creuse et devient rapidement chaotique. Pendant mon quart, nous continuons a subir des rafales de plus de 30 Nds. Finalement, on décide de rentrer la trinquette. Etrangement, le vent tombe soudainement à 5Nds. Ca surprend mais c’est de courte durée. Le vent remonte pour osciller autour de 30 Nds. Pablo refait un point météo. Finalement, nous changeons de cap. Arrière toute ! Nous mettons le voilier en fuite pour la nuit afin d’étaler le mauvais temps. Nous sommes au portant et on remets la trinquette en place.
Au vue des dernières prévisions météo, l’objectif est de nous éloigner du centre d’une grande dépression qui nous barre la route des Açores. Nous rebroussons vers l’Ouest ! C’est assez étrange comme sensation.
Jour 19
Au petit matin, la mer est forte et chaotique. On a des creux de 3 voir 4m. Ca déferle un peu par moment. Le voilier est parfois entièrement éclaboussé par une vague plus mesquines que les autres. L’avant du bateau tape lourdement au prés. Je pense que l’avant doit être assez plat. Cela m’inquiète un peu. Je regarde régulièrement dans les fonds pour vois s’il n’y a pas d’eau ou de fissure. Rien pour l’instant. Seul les plafonds de la cabine avant sont tombés à cause des chocs. Quand ca tape tout le bateau tremble jusqu’au haut du mât. Pour soulager le pilote, nous relayons à la barre environ 1 à 1h30 par personne. Le vent est soutenu toute la journée. Entre 20 et 28Nds, le voilier reste bien manœuvrant à la barre. La mer nous secoue dans tous les sens. Je me suis cogné la tête à l’épontille mais rien de grave. Ca pique un peu au niveau de l’oreille. Avant la nuit, nous affalons la GV pour réduire les chocs et la gîte. Nous ne faisons ^pas de progression au niveau du cap mais au moins on n’est plus en fuite. Nous remontons plein Nord. Cette dépression devrait nous faire perdre 1 à 2 jours de navigation. Nous espérons que demain sera meilleur. Suite aux dernières données météo reçues, la situation est compliqué. La dépression est vaste, elle s’étends jusqu’aux Açores. Elle devrait durer prés de 3 jours. Et juste derrière nous, il y une autre dépression qui risque de nous prendre en étau. Bref, on est un peu coincé là. La nuit a été plus calme. On a pu se reposer un peu. Il n’y a que la trinquette. On peut voir glisser de grosses tâches fluorescentes dans notre sillage. Surement des méduses…
Jour 20
Voilà bientôt 2 jours et 1 nuit que nous remontons au Nord pour tenter de contourner la dépression. Nous ne progressons plus au niveau du cap et les Açores sont encore plus de 800 milles nautiques de nous. On a renvoyé la GV pour accélérer. Le vent est maintenant à 18-20Nds. Le soleil brille entre les grains éparses. Nous devons naviguer encore plein Nord 2 jours de plus. C’est à la perpendiculaire de notre route mais on n’a pas le choix. Il faut éviter les vents prévu à plus de 40Nds dans cette foutues dépression. C’est ce que nous préconise le logiciel de routage avec les dernières données météos. Lors d’une partie de carte dans le carré, j’ai encore vu passer un OFNI. On est sortie du cockpit pour mieux voir. C’est une sorte de bouée ou balise jaune avec une lumière en tête. Le tout semble lesté. Pas ancré car il y a 3000m de fond. On est passé à quelques mètres de la toucher en plein milieu de l’Atlantique. Peut-être une mine ? Non, je plaisante mais c’est assez intrigant.
Plus tard dans la journée, un oiseau es venu nous rendre visite. Il s’est approché assez prés. Sa robe est brune. Il a un ventre blanc et un collier blanc autour du cou. Il est très élégant dans son costume. Comme il plane vraiment bien, on l’a appelé Max. Laurrie aurait préféré Billy. Allez savoir pourquoi ? Puis, on a eu la chance de voir un dauphin, à priori seul. Il est venu nous saluer quelques instants avant de disparaître dans l’océan. D’ailleurs, l’océan a changé. Il n’est plus bleu profond avec des sargasses. Sa couleur a viré au vert-gris. La température a chuté. On est au 33°N et 46°W. Les vagues se sont un peu apaisées. On espère pourvoir mieux dormir.
La nuit arrive. Je vais aller me reposer un peu avant de prendre mon quart dans 1h.
Jour 21
Nous faisons toujours route plein Nord. J’ai vu un phoque. Il serrait la patte d’un pingouin. Non, je rigole. Mais, l’air est vraiment plus frais. Nous devrions virer de bord dans la journée et le vent devrait nous être plus favorable. En fin de matinée, une jolie troupe de dauphins nous a rejoint. Ils ont fait quelques sauts. On les a encouragé en levant les bras et en criant. Je ne sais pas si ça marche mais le fait est qu’il nous ont fait de plus belles pirouettes que les autres fois. Puis, ils sont repartis vaquer à leur occupation.
J’en profite pour lire tranquillement dans le cockpit pendant que Laurrie prépare des tisanes à l’intérieur. D’un coup, je l’entends crier : « Baleine ! Baleine ! ». Elle sort en trombe du roof. Moi, je sort le nez de mon livre pour comprendre ce qu’il se passe. Et là juste à coté du bateau, 1 à 2m, d’énormes remous, avec de grosses bulles d’air qui éclatent à la surface. La baleine vient juste de plonger à coté de nous. Elle est ressort plus loin dans notre sillage. On a bien failli lui rentrer dedans. Elle devait se reposer en surface et n’a entendu le voilier qu’au dernier moment. OUAH !
Plus tard dans la journée, suite à une malencontreuse manœuvre à la barre, notre ligne de traine avec l’ouvre boite s’est entortillée dans les 2 quilles et peut-être le safran. Je tire sur la ligne pour essayé de la ramener mais Pablo craint que l’ouvre boite n’abîme la coque. On affale la GV et on roule le génois pour tenter une opération sous-marine. L’eau est froide. Laurrie est téméraire et se propose avec Pierre pour plonger. Un bout et pare-battage est mis à l’eau. Pendant ce temps, je profite de l’arrêt du bateau pour tirer doucement sur la ligne. Elle vient plus facilement. En quelques instants, je parviens à la ramener à bord avec l’ouvre boite. Mes camarades sautent à l’eau pour le fun. Heureusement, car avec cette eau glaciale et sans protection adéquate, ils n’auraient pas pu pour plonger sous la coque. Pablo tente de lancer le moteur pour la recharge habituelle des batteries pendant 2h. Rien ne se passe ! Plus de contact pour lancer le moteur. Sans moteur, plus de pilote, plus de frigo, plus d’instruments, de GPS, de téléphone satellite et de lumière. Bref, il faut absolument trouver la panne. On commence à démonter les panneaux pour vérifier les branchements moteur et batteries. Sans résultat. Finalement, en touchant aux connections de la commande moteur, on parvient a relancer le moteur. Ca devait être juste un faux contact mais c’est inquiétant...
Ce soir nous avons virer de bord. Nous faisons cap au Sud. Ce n’est toujours pas la bonne direction à savoir l’EST. Les vents ne sont pas encore favorables. On attend un retournement du vent dans la nuit. Si on avait fait cap au Nord-Est, les routages nous prévoyaient 3 jours de pétoles. On n’a pris 1 ris dans la GV pour la nuit. On sait jamais sous ces latitudes.
Finalement, on revire de bord cap au Nord-Est. Les vents tournent.
On croise la route d’un bateau de croisière 224m tout illuminé. C’est drôle de se dire qu’il y a peut-être 2000 milles personnes juste à cotés de nous en plein océan. Il nous d »passe à 18Nds et disparait à l’horizon. Il fait cap sur les Açores comme nous. Nous maintenons le cap jusqu’à 6h00 TU du matin. Le vent tombe à 4Nds, nous faisons du sur place.
Ok, on va pour mettre en marche le moteur. Et là…. Rien…Le moteur refuse de démarrer. On cherche de nuit d’où peut venir cette satanée panne à la lueur de nos lampes frontales. En voulant tester une connexion, je me mets un coup de pince sur le pouce. Aïe mais rien de grave. On continue la recherche. Pablo est coté commande et moi coté moteur. J’arrive à identifier les connections du boitier électronique du moteur. Une connexion me semble un peu sulfaté. Je la manipule un peu pour voir. Et « Miracle » le moteur démarre. Mais, nous n’avons toujours pas clairement identifié la panne. Nous naviguons ainsi au moteur tout le reste de la nuit.
Jour 22
Le matin arrive paisiblement. La mer est lisse comme un miroir, juste animé par l’ondulation longue et puissante de l’Atlantique. Une onde de 3 à 4m de haut peut-être 60m de large. C’est assez impressionnant de contempler ce spectacle. Laurrie et Pierre ont pu voir des dauphins et même une baleine à bosse sauter au loin. J’ai également pu en voir une passer au large. Vers, 13h00, une belle troupe de dauphins nous a rejoint. On les a vu arrivé de loin aces cette mer calme. Ils ont joué longuement avec l’étrave du Dandy. Quelques-uns on fait des petits sauts avant de partir. Nous avons remis la ligne de traine en service, elle s’était emmêlé lors de notre mésaventure avec les quilles. On espère attraper un poisson car nos réserves de viande et de produits frais sont au plus bas. Nous avons commencé à composer avec les boites de conserves. Mais, je dois dire que l’on mange bien ! Hier, un chili corn carne, avant-hier des pâtes à la carbonara délicieuses, salades de riz composées, …
Au moment, où j’écris ces lignes, nous faisons cap au 71° sur les Açores au moteur. Nous sommes encore à 830 milles nautiques. L’océan est calme et en paix. Le vent au repos et le soleil nous réchauffe généreusement.
Du coup, on en a profité avec Laurrie pour prendre une bonne douche chaude grâce au moteur. dans le cockpit. J’en ai profité pour laver un slip et mes chaussures de bateau. Yes, ça fait du bien et ça change bien les odeurs. Cool ! Là, Pierre lit tranquillement à coté dans le cockpit. Laurrie fait des mots croisés et Pablo en profite pour récupérer des heures de sommeil. Il parait que lorsqu’on traverse l’Océan Atlantique, il est d’usage chez les marins de se tatouer une ancre de marine. Avec Pierre et Laurrie, on envisage peut-être de le faire. Pablo, lui, c’est déjà fait. On verra au bout du voyage.
On observe souvent les nuages pour tenter de décrypter le temps à venir lors de nos longues contemplations. Et aussi pour anticiper les grains ! Dans la journée, le vent a commencé tout doucement à reprendre des forces. 8 Nds, puis 11Nds établis. On arrête le moteur et on envoie le Gennaker. Ca accélère rapidement. De 5Nds au moteur, on passe a 6,5Nds. Le vent monte encore à 13Nds et nous voguons à 7,5Nds. Le moment est magique. Nous traçons notre sillage sur une mer vallonée par la grosse houle de la dépression que nous avons contournée. Cette houle est grosse mais calme. La mer est encore lisse. Des marsouins ou des petits dauphins nous rejoignent. Laurrie les interpelle avec un sifflet pour les faire jouer. Quand soudain, apparait au loin une escouade de dauphins. Ils sont plus grand et il arborent des couleur différentes. Surement des dauphins communs. Ils prennent rapidement la place des marsouins. Ils nous accompagnerons jusqu’à la nuit. Je prépare une poêlée d’haricot vert à la crème et aux champignons pour le repas du soir.
Laurrie prépare des carottes pour l’entrée. La nuit arrive sur la fin fin d’un jolie coucher de soleil vers 23h TU. Le vent forci à 18Nds sous Gennaker. Nous faisons des points de vitesse à 8,5 à 9Nds. Mais le voilier gîte fortement. On décide de rentrer le Gennaker et d’envoyer le Génois pour la nuit car l’horizon est bouché par de gros nuage éclairé par la lune montante. Durant cette nuit, mes camarades auront des grains pluvieux avec du vent à plus de 25Nds. Ils finiront par prendre 3 ris dans la GC. Nous naviguons encore à 7,5Ndset maintenant notre cap est bon. Nous sommes droit sur les Açores.
Jour 23
La mer est un peu plus agitée mais elle reste maniable. Nous remontons à 60° du vent du coup ça recommence à taper à l’avant. Le vent est de 20Nds. On file entre 7 et 8Ndsavec 3 ris et le Génois. Notre ligne de traine à l’ouvre boite ne fonctionne plus. Je suppose que la disparition des poissons volants y est pour quelque chose. En effet, les exocets doivent être la principales source de nourriture pour les Daurades Coryphènes. Et depuis qu’on est remonté au Nord, il n’y a ni l’un ni l’autre. Du coup, on ne sait pas quels poissons vivent dans ces contrées. Par contre, on y voit des dauphins et des baleines quasiment tous les jours. Mais, ils sont un peu gros pour notre ligne, on préfère les prendre en photo. Nous naviguons bien, 7 Nds en moyenne avec un vent de travers de 18 à 20Nds. Nous avons toujours le Génois et 3 ris dans la GV. Le soleil nous offre ses plus belles lumières en se couchant à l’horizon. Devant nous, une ligne de grain arrive. Nous remplaçons rapidement le Génois par la trinquette. On sera plus tranquille pour la nuit. Et effectivement, la nuit sera bien arrosée avec des pointes de vent à plus de 24Nds. Le Dandy est bien toilé pour supporter et reste équilibré. Nous faisons 5 à 6Nds pendant la nuit. Parfois, j’aperçois dans notre sillage des boules fluorescentes qui finissent par disparaître dans l’obscurité de l’océan. La légende voudrait que ce soit des âmes des marins perdus en mer. Mais, je penche plus tôt pour quelques méduses fluos que notre étrave vient perturber dans leur lente dérive.
Jour 24
Petit matin gris mais tranquille. Le Génois a du être renvoyé au lever du soleil. Laurrie a encore vu les Dauphins pendant la nuit. Je prends mon petit déjeuner, une tasse de lait chaud, 2 tartines à la confiture d’abricot et quelques biscuits. Pour les fruits, il faudra attendre l’arrivée aux Açores, il reste que des pomelos un acides. Dans 4 ou 5 jours si tout va bien. Il reste 540 milles nautiques à parcourir. Depuis hier, je tente de diagnostiquer la panne du moteur et de le faire démarrer en shuntant le boiter électronique. En effet, je suis convaincu que la panne vient de cet équipement. Mais, notre caisse à outil ne contient pas de multimètre, rien pour tester l’électricité, pas un bout de fils élec ou encore de marteau. Bref, je tente d’identifier la destination du câble d’excitation du démarreur. Il est tard et je dois prendre mon premier quart de nuit. On verra demain.
La nuit est paisible. On est sous Gennaker avec un vent stable à 10 – 12 Nds. On trace à 7,5Nds. J’observe longuement la lune descendre et disparaître dans l’océan. Sa lueur perdure longtemps encore. Seul Jupiter est visible entre les nuages éparses.
Jour 25
Le réveil pour mon quart de 10h30 est difficile. J’ai bien dormi, peut-être trop. En tout cas, il faut vite être en forme car faute de moteur, Pablo a décidé de couper les organes électriques les moins essentiels, à savoir : le frigo et le pilote automatique. Donc, nous devons barrer à tour de rôle 1h30 pendant nos quarts de jour. Pour la nuit, on ne sait pas encore. Barrer par vent arrière avec un Gennaker et des vagues qui nous font tanguer, c’est assez vite fatiguant. J’ai bloquer la bôme de la GC pour éviter les empannage dans les vagues.
Encore aujourd’hui, nous avons eu la chance d’avoir de nombreuses visites de dauphins noir et blanc. Leur robe est très jolie et c’est toujours un plaisir de les observer. Ils nous ont accompagné une bonne partie de la journée.
Après mon quart, je me remets sur le moteur. J’arrive à remonter le câble orange « START » du boitier électronique. Et là, Euréka !! Ca y est ! J’ai enfin compris pourquoi cela n’avait pas fonctionné hier quand j’ai voulu démarrer le moteur en shuntant le boitier électronique. En fait, il y soit une erreur de câblage du constructeur, soit une erreur d’étiquetage du boitier électronique. Le câble START qui est censé exciter le solénoïde du démarreur sert en fait à préchauffer les bougies d’allumages. Et le câble de préchauffage, lui, sert à exciter le démarreur. On test avec le tournevis le shunt directement entre l’excitation et la borne + du démarreur et le moteur démarre au quart de tour. La panne est bien le boitier électronique, on verra aux Açores pour le remplacer. En tout cas , on peut remettre le frigo et le pilot en marche. Quel soulagement !
Pendant la sieste de l’après-midi, au soleil dans le cockpit, on entends soudainement un grand bruit en tête de mât. Suivi d’un plouf ! Merde qu’est ce qui ce passe encore ? La drisse du Gennaker vient de se rompre. La voile gît dans l’eau prés du voilier. Branle-bas de combat ! Tout le monde est sur le pont. On hisse la voile à bord non sans mal. Pablo a heureusement mis le bateau au prés pour faciliter la manœuvre. Et nous voilà à 4 en train de rouler un Gennaker trempé. Nous arrivons à le rentrer dans son sac et dans son rangement. Adieu voile performante, on a perdu 2 Nds en vitesse. On passe d’un bon 7,5Nds a un poussif 5,5Nds. Dur dur d’atteindre les Açores ! La drisse de Gennaker était neuve mais a été sous dimensionné.
Bref, pour se consoler, on prévoit de regarder un film sur mon PC. Pas de chance, la batterie de mon PC est trop faible et le son trop bas. Finalement, on se rabat sur un bon plat de haricot blanc, oignons et champignons gratiné au four.
La nuit arrive. Je me lave les dents et j’écrit quelques lignes du récit. Mince, sans prévenir, le vent vient de tourner d’un coup de 40 à 50°. Direction Nord. Nous sommes contraint de faire un empannage pour garder le cap. Du coup j’arrête décrire pour aujourd’hui. Au loin, un cargo à passager s’éloigne dans l’Atlantique.
Jour 26
Il nous reste plus que 301 milles à faire. Nous avons déjà réalisé 2596 milles depuis notre départ de la Guadeloupe. Prés de 20 jours et 20 nuits que nous traçons notre sillage. Le moral de l’équipage est toujours bon. Le temps nous y aide car il fait beau. La mer est calme et le vent de 10 à 12 Nds favorable. Nous devrions peut-être commencé à apercevoir les premières terres dans 24h. On a hâte. On a tous envie d’un bon resto, une bonne douche chaude, laver son linge, laver le bateau et marcher sur la terre ferme. Arrivée au port de Horta, on doit réparer la drisse de Gennaker et le moteur. Il faut refaire les courses et les pleins d’eau et de gasoil. Bref, tout remettre en ordre pour la suite du voyage. On a prévu de passer 3 jours sur place dont une journée pour visiter l’île. On verra.
La nuit a été froide. Même avec salopette + parka + bonnet, j’ai eu froid. J’avais hâte que mon quart finisse. L’air est très humide et le vent froid. On avance à 7Nds avec un vent de 18Nds au grand largue.
Jour 27
La journée a été efficace. On a battu notre record de distance parcouru en 24h soit 165milles nautiques. On a pu faire des pointes à 12 Nds. Les vents sont vraiment favorables et le voilier marche très bien à cette allure. Les dauphins nous rendent encore visite régulièrement. La nuit a encore été froide et humide. L’humidité mouille tout même à l’intérieur du voilier. Mon sac de couchage n’est assez chaud pour me réchauffer. Il faut que je trouve plus de vêtements chauds au Açores. Cela fait déjà plusieurs jours qu’on dort tout habillé. Laurrie dort même avec sa parka + salopette.
Jour 28
C’est notre dernière grosse journée de nav en principe. Nous voguons sous trinquette + 3 ris dans la GV et nous faisons régulièrement des pointes à 8Nds. Le vent réel a du forcir mais on ne le sent pas trop à cette allure : grand largue. On cherche à ralentir notre vitesse pour éviter d’arriver à Hortas en pleine nuit. Nous croisons un superbe voilier en alu de 15m. lui, il n’a pas le même objectif que nous. Il veut surement arriver avant la nuit. Il file à plus de 12 Nds toutes voiles dehors. Il a le grand génois à corne, la trinquette + la GV avec seulement 1 ris. Il nous rattrape et vient nous saluer en passant sous notre vent comme le veut la courtoisie des gens de mer. On a pu se saluer et prendre quelques vidéos et photos. Leur voilier part régulièrement au surf sur les vague. Il déjauge presque jusqu’à la base de la quille en faisant de grandes gerbes d’écumes. C’est vraiment beau à voir et impressionnant. Nous les laissons disparaitre à l’horizon tandis que nous continuons notre route à 8 Nds de vitesse. Vers 23h, lors de mon quart le vent tombe complètement. On est dans la pétole à 80 milles de l’arrivée. C’est très frustrant ! On décide de rentrer le Génois qui bat lamentablement et nous mettons le moteur en marche en le lançant comme d’habitude avec le tournevis. On avance à 5,5 Nds au clair de lune. La mer s’est calmé. A la prise de mon poste à 4h30, mes camarades m’informe qu’on a plus de pilote auto, l’AIS et la plupart des instruments de navigation. Ils ont du passer les quart en double, une personne à la barre et l’autre qui assure la veille. Et bien, ça se mérite les Açores !
Jour 29
Vers 6h00, j’aperçois la première lueur qui trahie la présence de l’île. Le jour se lève mais on ne voit toujours pas la terre ferme. Un épais voile de nuage laiteux barre complètement l’horizon. Heureusement que le GPS traceur fonctionne encore. On est à 20 milles est toujours pas de vue sur la terre. Je m’impatiente un peu quand soudain, une percée apparait dans les nuages et nous voyons apercevons enfin le volcan de l’île. Il est grand et majestueux. L’île est superbe ! Elle est verte , un peu comme la campagne irlandaise. Le soleil se dévoile généreusement. Nous arrivons enfin au port de Horta avec le moteur et toutes les voiles dehors (sauf le Gennaker HS). On appelle la capitainerie à la VHF à plusieurs reprises. Rien, on est dimanche et personne ne répond. Le port n’est pas très grand mais il y au moins 3 voilier barque à 3 mâts de l’ancien époque. 2 sont à couple faute de place. Il y a déjà des bateaux au mouillage dans la rade du port et d’autres sont à couple. On repère une dernière place à couple libre contre un catamaran. Ce sera notre place. Un marin français nous aide à passer les amarres. On en profite pour discuter un peu. Il nous apprends qu’ils sont là depuis 10 jours pour réparer leur voilier. Ils ont subit des vents violents de prés de 64Nds Ils ont déchiré toutes leurs voiles. Ils ont eu chaud !
En tout cas, nous ça y est on a enfin réussi à faire cette grande première étape de la traversée de l’Atlantique !! On pose le premier pied à terre. C’est fou comme la terre tourne. Elle nous paraît instable. Il est 12h30. On a faim. On est sale mais c’était prévu ! on va directement chez Peter. C’est le bar/resto des navigateurs. Tous les grands noms de la voiles et autres voyageurs de l’Atlantique Nord ont du passer par là. Le lieu est mythique depuis plus d’un siècle. On pousse la porte et nous sommes submergés par la musique et la grosse ambiance des gens de mer. Les murs sont couverts de fanion de navigateur. Il y a même un petit musée dans une pièce secondaire. On se fraye un chemin et on arrive à trouver une petite table libre. Yes première bière. On rit ! On commande de bon plats. J’ai pris le fameux filet de viande local à la sauce au poivre. Un délice ! Laurrie qui avait parié qu’elle pouvait manger 2 burgers d’affilé tente de relever le défi. Echec, elle cale tout prés du but. Elle devra acheter un tee-shirt de chez Peter à Pablo. La terre tourne encore mais je pense que c’est la bière. Au dodo, on verra après la sieste.
Vers 17h00, avec Laurrie, on part explorer la petite ville d’Horta. Il doit y avoir 2milles habitants et pourtant j’ai compté au moins 7 églises dans la ville. Les bâtiments sont beaux à regarder. L’architecture est soigné. La ville est vraiment belle à visiter. On commence a repérer les commerces qu’il nous faudra. J’en ai vu un pour la pêche car il faut vraiment qu’on améliore notre équipement. Ce soir, on mange à nouveau chez Peter. Mais avant, on prend enfin une grosse douche chaude. Un régal ! Sur le chemin, on voit le trois barque « Artemis » quitter le port pour de nouvelles aventures. Chez Peter, c’est la grosse ambiance avec les groupes d’anglais qui descendent les bières à grande vitesse. On mange bien et épuisé par cette première journée à terre, on rejoint nos cabines pour passer une bonne nuit au calme depuis 22 jours. On a mis exactement 21 j et 23h pour arriver depuis la Guadeloupe.
Jour 30
Je me suis levé tôt pour allé à la laverie. J’ai plus de linge propre. Ca devenait urgent. J’en profite pour chercher une boulangerie. Mais apparemment, ça n’est dans les habitudes ici. J’ai quand même pu trouver une boutique qui fait des sorte de croissant. La pâte ressemble à celle des Donets mais c’est plutôt bon. Aujourd’hui, c’est remise en état du bateau, lessive, nettoyage et trouver la pièce pour le moteur. Remplacer la drisse du Gennaker et réparer le pilote auto. Faire l’inventaire des réserve de nourritures, ect …
Pour la pièce moteur, c’est mort. Il faudrait attendre 3 semaines et on doit partir dans 3 jours. On continuera avec la méthode manuelle.
Jour 31
Aujourd’hui, c’est détente. On a loué une voiture. On en profite pour faire le tour de l’île et visiter les coin intéressant. On a été voir le vieux phare tout fissuré et on vu les piscine naturelle. Après un copieux déjeuner local dans un petit resto de pêcheur, on est monté à la Caldeira : cratère du volcan. L’endroit doit être superbe mais pas de chance pour nous, c’était recouvert de nuage brumeux. Avant de rentrer, on a profité de la voiture pour faire les grosses courses alimentaires en prévision de notre départ. Pablo a préféré rester seul au bateau pour réparer le pilote et bricoler un système d’allumage pour le moteur.
Jour 32
Réveil tranquille. Derniers préparatifs. On rejoint un autre voilier d’Open Sail. Le skipper s’appelle Arthur et il est accompagné de 3 équipiers. Ils ont fait la traversé sur un Pogo. Apparemment, ça dû être plus difficile car le skipper se retrouve tout seul. Les 3 équipiers qui devaient l’accompagné jusqu’à Port St Louis du Rhône, ont décidé de débarquer aux Açores. Ils ont souffert pendant la transat. Grande voile et Génois déchirés. Ils sont partis au tapis à 2 reprise. Pour Arthur rien d’exceptionnel mais ça a du marquer ses équipiers. Ils se sont légèrement blessés. Et ils ont mal mangé. Apparemment, ils ont bien maigrit. Leur voilier est un Pogo 1050. C’est plus rapide mais moins confortable également. Bref, nous avons eu de la chance de naviguer avec un RM1180. Nous avons un super ambiance à bord, un bateau confortable et on est tous partant pour la suite du voyage !
On a fêter l’anniversaire d’Arthur chez Peter. Lui aussi, il vient d’avoir 25 ans comme Pablo. Après quelques verres, nous sommes allés nous coucher car demain 9h on quitte l’île de Faiala. Direction Gilbraltar !!